Vu l'état des troupes à la sortie de l'école, vous décidez de faire manger Raoul et Mimi le plus tôt possible.
Après un bain épique (Mimi veut prendre son bain avec Raoul qui, lui, veut le bain pour lui tout seul, mais ne veut pas laisser sa place ; un bain commun finit par être négocié à condition qu'aucune parcelle de Mimi ne touche Raoul, ce qui évidemment n'est pas easy-easy dans une modeste baignoire d'appartement), le repas est annoncé.
Après les habituelles récriminations ("Y a qu'ça comme poisson pané ? On a déjà mangé des pâtes hier, j'en veux paaaas"), chacun s'assoit, une demie fesse par chaise, manifestation parlante de la volonté d'expédier au plus vite la corvée du repas pour aller se mettre aux choses sérieuses au plus vite : jouer.
Vous avez paré à toutes les demandes, afin d'éviter d'avoir à vous relever : vous vous êtes servi un verre de vin et ne comptez pas vous mettre en position verticale avant au moins 5 bonnes minutes, (une gageure), le temps de vous requinquer.
Ils ont donc tout ce qu' il faut à table, même un couteau chacun, parce que vous savez qu'ils vont vous tanner jusqu'à la mort s'il le faut, pour obtenir un couteau dont ils ne savent pas se servir et dont, d'ailleurs, ils ne se servent pas la plupart du temps.
Las, Mimi a décidé de couper son poisson pané avec son petit couteau à bout rond. Mais voilà, le couteau, décoratif s'il en est, n'est pas des plus efficaces, et Mimi a donc haché son poisson pané plus qu'autre chose. C'est évidemment à la toute fin de son travail qu'elle s'aperçoit du résultat, ce qui lui fait instantanément péter les plombs : elle ne peut pas manger ça ! Il est tout déchiré, son poisson pané !! ET EN PLUS IL A TREMPÉ DANS LA TOMATE, IL EST MOUILLÉ !!! Vous avez beau lui faire remarquer que le ketchup dans lequel elle trempe méthodiquement chaque morceau de poisson pané ou demi-pâte croquée est lui-même constitué de tomates, elle ne veut pas en entendre parler et braille abondamment, avec ferveur et surtout opiniâtreté. Vous œuvrez donc, sous la pression, pour effectuer une séparation entre le poisson pané, les pâtes et le jus des tomates, qui ne doivent jamais au grand jamais entrer en contact les uns avec les autres.
Une fois la ségrégation effectuée, vous entendez le doux son d'un SMS provenant de votre téléphone, posé dans le salon. Comme vous avez bien besoin de soutien, vous vous empressez de quitter la cuisine pour aller lire le message, potentiellement sensé, contrairement à tout ce que vous entendez depuis deux heures.
Depuis le salon, vous entendez un grand boum suivi d'un long hurlement. Vous retournez dans la cuisine, où Mimi est allongée par terre, hurlante, la face contre le carrelage.
Vous ne savez pas ce qui s'est passé mais la joue a une sale tronche. Vous sortez un paquet de ciboulette du congél, que vous lui appliquez sur le visage, pendant que vous leur faites la morale à tous les deux à coup de "J'EN PEUX PLUS J'EN PEUX PLUS J'EN PEUX PLUUUUS" (oui bon vous êtes rentrée tard la veille alors vous entamez la tragédie direct)
Ce qui n'empêche nullement Mimi, sereine et la joue engourdie, d'avaler finalement son poisson pané déchiqueté et sauvé du jus. Mais au reste de l'assiette, elle ne veut pas toucher. 
Vous finissez donc par lui donner la becquée, en même temps que vous retenez Raoul qui tente une fuite de table, après avoir tout avalé sans mâcher ("joueeeeeeeeeeeeeer"), yaourt ingurgité dans la foulée. A la dernière bouchée de Mimi, vous libérez enfin Raoul, espérant que sa petite sœur lui emboîtera le pas. Que nenni. Elle veut un yaourt ET un kiri. 
Vous imposez le choix unique : kiri. (ça va plus vite, généralement en une bouchée c'est plié. Le yaourt, lui, réclame une cuiller, du miel, un bavoir, bref c'est la merde)
Mimi va chercher son kiri dans le frigo, et le pose sur la table. Attention, il faut suivre car là, le dérapage approche. 
Enivrée par la perspective d'être bientôt libérée, et toujours dans l'idée de faire vite, vous dépliez le coin de l'alu du kiri, afin d'aider Mimi à ne pas s'en mettre partout. Aussitôt, c'est le drame : Mimi voulait ouvrir son kiri elle-même. Vous avez beau tenter de minimiser votre méfait ("mais j'en ai ouvert qu'un tout p'tit bout !"), Mimi reste inconsolable. Des larmes énormes coulent sur sa joue tuméfiée. Elle voulait ouvrir son kiri EN ENTIER. DEPUIS LE DÉBUT. ELLE EN VEUT UN AUTRE, UN PAS OUVERT DU TOUT(refrain x 40)
De la fumée vous sort des oreilles. Vous menacez votre fille de lui écraser son kiri sur la tête si elle ne se tait pas (oui, bon...) Curieusement, cela ne la calme pas des masses. Vous finissez par balancer furieusement le kiri ouvert sur l'évier, en un smash diaboliquement efficace que Serena Williams n'aurait pas renié.
Mimi n'est pas plus impressionnée que ça par votre performance, et continue à réclamer son AUTRE kiri.
Afin de préserver l'une et l'autre, vous collez Mimi braillant dans sa chambre, et vous calfeutrez vous-même, encore fumante, dans la vôtre, d'où vous écrivez ce petit post, avec des boules quies, pendant que Mimi continue à réclamer un kiri.